Les ateliers philo programmés cette semaine ont tous été annulés, confinement oblige.
Alors je vous propose de parler des médias et plus particulièrement des réseaux sociaux à la manière d’un atelier philo comme expliqué dans un article précédent.
En effet, la semaine européenne de l’éducation aux médias aurait dû se dérouler du 30 mars au 5 avril 2020 dans les établissements scolaires.

Encore une bonne occasion pour échanger avec les enfants, les pré-ados et les adolescents sur les médias qu’ils utilisent.
Afin de leur permettre de réfléchir de façon critique à l’utilisation des réseaux sociaux, à l’image qu’ils renvoient, à leur « e-réputation » ou au « cyber-harcèlement ».

Petit rappel pour organiser un atelier philo :

  1. on s’assoit en cercle et on peut utiliser un bâton ou une balle de la parole pour bien s’écouter (c’est celui qui a la balle qui parle),
  2. on dit comment on se sent chacun son tour,
  3. on fixe les règles du cercle de paroles ensemble,
  4. on fait une petite méditation ou pratique de l’attention,
  5. et la discussion peut commencer en posant des questions ouvertes !

En effet, il est très intéressant ici de laisser les jeunes répondre sans les influencer afin qu’ils tirent leurs propres conclusions

C’est quoi les médias ?

Les médias désignent tous les moyens qui permettent de diffuser des informations :

  • la radio,
  • la télé,
  • les journaux,
  • et la grande famille d’internet, notamment les réseaux sociaux, très utilisés par les enfants, les pré-ados et les adolescents.

C’est quoi les réseaux sociaux ?

Un média en permanente évolution qui permet de :

  • s’informer,
  • communiquer,
  • se construire une identité numérique,
  • et créer de nouveaux liens sociaux.

Et qu’est ce qui est le plus important pour les pré-ados et les adolescents ? Les liens sociaux justement !
Dès lors, nous comprenons mieux leur addiction aux réseaux sociaux et à leur téléphone portable puisqu’il s’agit d’un besoin très important chez eux : le besoin de lien, le besoin d’appartenance à un groupe, le besoin d’être ensemble.

Par exemple, pour un adolescent, le priver de téléphone portable, c’est comme le priver de sortie, le priver de « voir » ses copains.
D’autant plus pendant cette période de confinement, les liens sociaux sont très importants. Ils peuvent les aider.

Ce nouveau lien social entraîne de nouvelles façons de communiquer auxquelles il est important de se former ou au moins de s’informer.

Qu’est-ce que la e-réputation ?

Je vous propose d’échanger avec les pré-ado et les adolescents en posant les questions suivantes :

Savez-vous qui voit ce que vous publiez ?

Jugez-vous vos publications utiles et/ou intéressantes ?

Qu’est-ce que ça vous apporte ?

Qu’est-ce qui se passerait si vous ne le faisiez pas ?

Parmi les publications « publiques » que tout le monde peut voir, y-en-a-t-il qui peuvent vous causer du tort dans votre vie actuelle ou plus tard ?

Ou causer du tort à quelqu’un d’autre actuellement ou dans le futur ?

Est-ce que les choses que les autres voient de vous sur les réseaux sociaux sont importantes pour vous ?

Pourquoi ?

Est-ce que vous trouvez que l’image que vous donnez de vous sur les réseaux sociaux correspond à la réalité ?

Est-ce que l’image des autres vous paraît exacte ?

Est-ce que vous savez comment contrôler votre réputation sur les réseaux sociaux ?

Comment faites-vous ?

D’après vous, que faut-il éviter de publier sur les réseaux sociaux ?

Ces questions les feront réfléchir sur leur « e-réputation » et sur les pièges de la popularité sur internet.

Il est courant pour les employeurs aujourd’hui de consulter les publications de leurs candidats et certaines photos partagées ou sur lesquelles on a été identifiés (tagués) peuvent devenir gênantes.

Avec les plus grands, ce peut être l’occasion d’évoquer les « nudes », ces photos dénudées envoyées à quelqu’un « de confiance » qui les publient sur des comptes « fisha » (majoritairement hébergés sur Snapchat) dans le but de faire du chantage aux images intimes (« sextorsion »).

Platon et les réseaux sociaux

Platon s’interrogeait déjà au IV siècle avant JC :
« L’apparence est-elle le reflet de la réalité ?
L’opinion publique a-t-elle forcément raison ? »

Platon

En effet, en tant que spectateurs du monde, rien ne peut nous assurer de la vérité de ce que nous voyons, lisons ou entendons. Il faut s’entraîner à développer notre esprit critique, entraîner notre pensée avec des ateliers philo par exemple !

Et même si nous ne sommes pas d’accord avec l’opinion publique, nous partageons tous la responsabilité de la vie en société.

Et la loi dans tout ça ?

Nous avons déjà parlé de la liberté d’expression dans un article précédent.

Vous pouvez poser les questions suivantes pendant l’atelier philo et après les échanges faire le lien avec la loi et le respect des autres :

Savez-vous ce que signifie la liberté d’expression en France ?

Peut-on exprimer ses idées de la même manière en privée et en public ?

En France, on a le droit de s’exprimer librement, de penser, de dire, d’écrire et d’échanger toutes les idées que nous voulons. Mais nous devons le faire dans le respect de la loi et des autres.

En privée, on peut exprimer ces idées de la façon que l’on veut.

En public, c’est à dire en classe, au travail, sur internet, dans un journal ou même dans la rue, on ne doit pas :

  • utiliser des injures,
  • discriminer : on ne peut pas traiter différemment quelqu’un à cause de son sexe, de sa couleur de peau, d’un handicap ou de ses choix de vie,
  • dire ou écrire des choses fausses à propos de quelqu’un,
  • utiliser des photos sans autorisation,
  • utiliser la violence,
  • défendre le terrorisme.

Ces idées ne sont plus des opinions mais des délits punis par la loi.

Et le cyber harcèlement ?

Enfin, cet atelier philo est l’occasion d’évoquer le cyber harcèlement avec les enfants et les adolescents et de leur indiquer où trouver de l’aide.

Savez-vous ce qu’est le cyber harcèlement ?

Si vous en étiez victime, que feriez-vous ?

Si vous en étiez témoin, que feriez-vous ?

Le cyber harcèlement est un délit puni par la loi et encore plus sévèrement si la victime a moins de 15 ans.

Parents, enfants, adolescents, éducateurs, victimes, témoins, auteurs, trouveront de l’aide sur le site de cette association : eenfance.org qui lutte contre les cyber-violences et au numéro vert « non au harcèlement » au 3020.

J’espère que cet atelier philo vous aura plu, qu’il vous aura permis d’informer les enfants, les pré-ados, et les adolescents sur les réseaux sociaux pour leur permettre de développer leur esprit critique.
N’hésitez pas à laisser vos idées de prochains sujets en commentaires.

Prenez bien soin de vous et des autres.